Le 25 juillet 2024, à Abidjan, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) dans son rôle de chef de file, a délivré le message des partenaires techniques et financiers du secteur de la santé lors de la rencontre organisée par le Ministre de la Santé, de l’Hygiène Publique et de la Couverture Maladie Universelle (MSHPCMU) dans le cadre du Mécanisme de Coordination du Secteur de la Santé (MCSS). Cette rencontre cruciale a permis de passer en revue les avancées réalisées, d'identifier les défis persistants et de planifier les actions futures pour le renforcement du système de santé national.

La rencontre, effectivement présidée par le Ministre de la Santé, de l’hygiène publique et de la couverture maladie universelle, a enregistré la participation de près de 200 participants représentant les directeurs et chefs de service du MSHPCMU, les représentants d’autres départements ministériels (Primature, Ministère de l’Économie et du plan et du développement, Ministère des Finances et du budget, Ministère de l’Emploi et de la Protection sociale, Ministère de la Famille, de la femme et de l’Enfant), les partenaires techniques et financiers (bilatéraux, multilatéraux, SNU, ONG internationales, agences de coopération), la société civile et le secteur privé.

Dans un premier temps, M. Pierre Dimba, Ministre de la santé, a partagé sa vision et les réalisations et avancées notables de son département en 2023.  Des textes réglementaires ont été adoptés dans le cadre de la réforme hospitalière pour renforcer la gouvernance des établissements sanitaires. La digitalisation, avec l'installation du système d'information hospitalier (SIH) et du dossier patient informatisé (DPI) dans 193 établissements de santé, a renforcé la traçabilité des données financières et la centralisation des informations médicales et administratives des patients. Le déploiement de spécialistes dans les différents pôles et une répartition plus équilibrée du personnel médical ont permis une amélioration du ratio personnel de santé/population. Des efforts constants sont déployés pour assurer une formation continue et le développement des compétences des professionnels de santé.

Par ailleurs, le vaste programme hospitalier initié depuis 2019 a conduit à la construction et à la réhabilitation de 348 Établissements Sanitaires de Premier Contact (ESPC), 21 Hôpitaux Généraux (HG) et 8 Centres Hospitaliers Régionaux (CHR). La construction et l'équipement de 16 maternités de proximité ont permis des progrès significatifs en matière d'accessibilité géographique aux soins de santé, avec 80 % de la population désormais à moins de 5 km d'un centre de santé contre 71 % en 2022. L'extension des centres conventionnés à 1810 établissements et la couverture de 82 % des prestations délivrées aux assurés à jour de leurs cotisations CMU ont amélioré l’offre de soins de qualité à moindre coût. Le taux de disponibilité des médicaments essentiels a atteint 82,53 %, et 94 % des commandes de produits sanguins ont été satisfaites en 2023. Ces résultats montrent une amélioration dans la distribution et de la livraison de ces produits essentiels, même si des défis subsistent pour atteindre une couverture totale.

La disponibilité et le déploiement rapide des équipes médicales d'urgence ont été renforcés, en réponse aux flambées épidémiques et aux événements aigus de santé publique.

Pour 2024, l'objectif est de mettre en place des organes de gestion dans les Établissements Publics Hospitaliers (EPH) afin de renforcer la gouvernance et l'efficacité opérationnelle.
La décentralisation de l'Inspection Générale de la Santé dans deux régions pilotes vise à améliorer le contrôle de proximité et la qualité des services de santé.
La construction, la réhabilitation et l'équipement de plusieurs établissements de santé à tous les niveaux de la pyramide sanitaire continueront.
Les dix Pôles Régionaux d’Excellence en Santé (PRES) seront rendus opérationnels pour une meilleure répartition des services de santé. Renforcer les capacités des professionnels de santé par la formation continue est une priorité pour assurer une prise en charge efficace des patients. La formation des médecins généralistes en chirurgie essentielle pour accélérer l'opérationnalisation du réseau national de structures de Soins Obstétricaux et Néonataux d'Urgence (SONU) sera renforcée.

Dans un second temps, prenant la parole au nom des PTFs, la cheffe de bureau de l’OMS, Dre Fatim Tall a félicité le ministre de la Santé pour « sa volonté manifeste de fédérer toutes les énergies autour des priorités nationales de santé et de renforcer le cadre de redevabilité de ce secteur hautement sensible et prioritaire pour le Gouvernement de la Côte d’Ivoire ».

Au nom des PTFs, Dre Tall a partagé avec les participants un certain nombre de réflexions et de recommandations dont certaines sont énumérées ci-après. Les PTF recommandent de mener une réflexion avec les acteurs pour rationaliser la création des groupes de travail technique ou GTT afin d’optimiser les ressources. Les PTF ont appuyé la mise en œuvre de la feuille de route définie lors du dialogue national sur la sécurisation des produits de Santé de la Reproduction au dernier kilomètre. Ils recommandent de mettre en place un modèle de financement permettant de régler les créances de la Nouvelle Pharmacie de Santé Publique (NPSP) et d'améliorer la disponibilité des intrants essentiels jusqu’au dernier kilomètre.

Les PTF saluent les efforts du gouvernement pour assurer la durabilité des financements dans le secteur de la santé, notamment à travers l'établissement d'un plan de viabilité des programmes prioritaires de santé. Ils recommandent une augmentation régulière du budget de la santé et une meilleure planification et utilisation des ressources nationales. La nécessité d’établir un équilibre judicieux entre le financement du niveau primaire et du niveau tertiaire du système de santé a été amplement rappelée.

Dans le cadre des urgences de santé publique, les PTFs soutiennent la mise en œuvre de l'approche "Une seule santé" (One Health) pour promouvoir la coordination multisectorielle et renforcer la sécurité sanitaire nationale à travers la dynamisation du comité interministériel existant.

Pour terminer, Dre Tall Fatim, Cheffe du bureau OMS Côte d’Ivoire, s’est félicitée au nom des PTFs du leadership du Ministre de la Santé à travers la mise en place de ce mécanisme de coordination du secteur qui « au-delà des rapports et des canaux classiques, a l’avantage non seulement de nourrir la réflexion, mais aussi de nous orienter vers des actions plus concrètes, synergiques et avec plus de célérité ».

Les PTF, sous la coordination de l'OMS, ont réaffirmé leur engagement à soutenir le gouvernement ivoirien dans ses efforts pour améliorer le système national de santé. Les actions des PTF sont régulièrement monitorées et discutées lors des réunions bimestrielles du Groupe Sectoriel Santé (GSS), coprésidées par l’OMS et le Directeur de Cabinet du Ministère de la Santé, de l'Hygiène Publique et de la Couverture Maladie Universelle (MSHPCMU). Ces réunions permettent de suivre la mise en œuvre des recommandations issues des rencontres du MCSS.

La rencontre du 25 juillet 2024 a été un moment de dialogue constructif et fructueux. La collaboration renforcée entre le gouvernement ivoirien et les PTF est essentielle pour atteindre les objectifs de développement durable et assurer une couverture sanitaire universelle en Côte d'Ivoire. « La complémentarité de nos efforts est la clé pour surmonter les défis sanitaires et atteindre les objectifs fixés par le PNDS » a affirmé le Ministre pour clôturer cette importante rencontre.

Le bureau pays de l'OMS, en tant que chef de file des PTFs du secteur de la santé, continuera à jouer un rôle clé dans ce partenariat stratégique, en apportant son expertise et son soutien technique pour renforcer la résilience et la performance du système de santé ivoirien.

Cette rencontre se tient sur un rythme annuel et est l’occasion pour toutes les parties, sous la houlette du Ministre, de faire le point sur la mise en œuvre concertée du Plan National de Développement Sanitaire (PNDS).